Présentation
Fétiche du petit ramoneur savoyard, animal emblématique des alpages, symbole du parc national de la Vanoise, la marmotte est l'un des animaux alpins les plus attachants.
Elle vit en colonie dans un terrier profond et complexe. La chambre principale, garnie d'herbes séchées, est utilisée pour l'hibernation, qui a lieu de la mi-octobre jusqu'en avril ou mai, selon les régions. L'expression dormir comme une marmotte n'est donc pas galvaudée. Durant cette période de sommeil, elle utilise les réserves graisseuses accumulées en été.
A la moindre alerte, la marmotte siffle à plusieurs reprises. S'il n'y a qu'un coup de sifflet (long en général) c'est qu'il y a un danger immédiat, comme l'aigle royal qui est très friand des marmottons.
Au moindre cri, tous les individus se précipitent dans le terrier le plus proche. Son odorat et son champ de vision (300°) lui permettent de ne pas se faire surprendre, où alors très rarement.
Très sociables, les marmottes cohabitent avec bonne humeur. L'emploi du temps de la colonie est réglé comme une horloge. Sortie à l'aube, puis déjeuner soigné. Vers 10 heures, sieste au soleil pour toute le famille, entrecoupée de promenades et de jeux. A midi, retour au terrier pour un repos collectif au frais. Nouvelle sortie vers 15 heures, avec un deuxième repas.
C'est le meilleur moment pour les jeux, les folles poursuites et les luttes amicales. Puis tout le monde rentre se coucher, une heure avant la nuit. Quelle journée bien remplie !
Portrait
Elle peut écarter considérablement les doigts lui servant à manier et à éplucher sa nourriture. Ses pattes et ses oreilles sont courtes, sa queue est à moitié noire.
Son pelage est brun jaunâtre avec la tête plus foncée, elle est dotée d'une fourrure isolante, changeant de qualité en fonction de la saison : doublant de volume en hiver et plus fine l'été.
Elle perçoit les couleurs mais sa vue est inférieure à celle de l'homme. Par contre, elle est dotée d'un champ visuel de 300°, donc nettement supérieur à celui de l'homme qui n'est que de 160°.
Les marmottes vivent en groupes familiaux de 20 individus environ : le père, la mère et les petits de plusieurs générations. Il est difficile de différencier le mâle et la femelle.
Habitat
Les marmottes restent autour de leurs terriers qu'elles creusent pour se protéger et hiberner.
Plusieurs groupes peuvent former une colonie, leurs habitats favoris sont les versants ensoleillés, découverts et parsemés de rochers.
Ce sera donc les versants sud ou exposés jusqu'au coucher du soleil et à une altitude comprise entre 1400 et 2800m.
Leur territoire s'étend de 3.000 à 15.000 m².
Alimentation
Quand les pâturages se couvrent de fleurs, la marmotte choisit celles qu'elle préfère. Fruits, baies et racines font aussi partie de son menu.
Par contre, elle ne boit pas. L'eau contenue dans les végétaux, la rosée matinale et la neige au printemps lui suffisent à se désaltérer.
Elle est très friande de sel.
La marmotte des Alpes est gourmande, sa nourriture est à base de plantes : crocus, trèfles, carlines acaules, bourgeons, racines, bulbes, graines, fruits ou écorces,
Elle peut manger jusqu'à 500 g de nourriture par jour. Son poids va doubler du printemps à l'automne, pour un homme cela reviendrait à ingurgiter 6 kg de nourriture par jour.
Cette boulimie lui permet de constituer des réserves de graisse, indispensables si elle veut survivre à l'hiver.
Bien qu'herbivore, elle complète parfois son régime avec quelques vers, sauterelles et larves d'insectes.
Reproduction
La saison des amours a lieu à la fin avril début mai, les accouplements se passent en général dans le secret des terriers. Une femelle ne peut se reproduire qu'à l'âge de 3 ou 4 ans et ne porte bas que tous les deux ans afin d'élever et nourrir ses marmottons tout en accumulant des réserves de graisses suffisantes pour endurer l'hiver.
La gestation ne dure que 35 jours. C'est au début juin, sur une litière bien sèche, après avoir bouché l'entrée principale avec du foin que les femelles mettront au monde 2 à 5 petits, pesant à peine 30 g, les yeux clos, entièrement dépourvus de poils.
Seulement 15 jours après leur naissance, les marmottons pointeront leur nez dehors.
Sevrés à l'âge d'un mois et demi, ils passent leur temps à jouer autour du terrier, s'y réfugiant à la moindre alerte, pour bien vite remettre le nez dehors, poussé par une curiosité dévorante.
Début juillet, les petits sortent timidement leur museau hors du terrier familial. Tout en tétant encore, ils commencent à goûter l'herbe et explorent les alentours sous l'œil attentif de leur mère. Câlins, roulades, jeux avec leurs aînés, la vie est belle pour les marmottons. Ils passeront encore deux hivers dans le terrier familial, avant de fonder à leur tour une nouvelle famille.
En période de reproduction, chaque famille entretient des relations agressives avec les autres membres de la colonie. Chaque couple s'approprie un domaine vital dont les limites sont marquées par des sécrétions de glandes situées sur les joues. Chaque domaine vital de la colonie se compose de deux parties : une première où se trouve la zone des terriers et la deuxième où se trouve la nourriture.
Comportement
La marmotte a une durée de vie de 14 à 16 ans, si elle a eu la chance d'échapper à ses prédateurs. Elle siffle pour prévenir la colonie du danger. Ce signal d'alarme est un cri strident portant à plusieurs kilomètres. Si le danger est éloigné, le cri est répété plusieurs fois et repris en cœur par toutes les marmottes.
Les dangers peuvent être terrestres et aériens :
L'aigle royal, prédateur de la marmotte par excellence, l'enlève dans ses serres sans même ralentir son vol. Il est signalé par un seul cri strident. Immédiatement, ce cri vide la montagne de ses habitants à l'approche de la grande ombre mortelle. Les marmottes représentent, en effet, jusqu'à 90% des proies capturées par ce rapace
Ses prédateurs terrestres : le renard, est accueilli par un concert de sifflements perçants, repris inlassablement à en perdre haleine, chaque marmotte de la colonie surveillant les moindres mouvements du renard. (les chiens sont signalés de la même manière).
Les outils de défense dont dispose la marmotte pour échapper à ses prédateurs sont avant tout sa vue qui, si elle n'est pas excellente, a au moins l'extrême avantage de couvrir un champ de 300 ° (160 ° chez l'homme), il est donc très difficile de la surprendre. Son odorat, de même que son ouïe, sont très performants et complètent ses armes.
Il n'y a pas de guetteur attitré dans le groupe. Chacun vaque à ses occupations en se préoccupant de ce qui se passe autour, en adoptant la position en chandelle, si caractéristique, si besoin est. A la moindre alerte, la marmotte siffle à plusieurs reprises. S'il n'y a qu'un coup de sifflet (long en général), c'est que, le plus souvent, il s'agit d'un aigle. Il faut alors fuir au plus vite et rentrer dans le terrier le plus proche.
Autrefois, l'homme capturait les marmottes en les déterrant l'hiver dans leur terrier. Il faisait des manteaux et des couvertures avec leur fourrure.
La chair de marmotte améliorait la nourriture des montagnards. Mais c'est surtout leur graisse qui avait de multiples utilisations : c'était, pensait-on, une pommade miracle contre les rhumatismes, et elle faisait merveille pour cirer les meubles et les chaussures.
La marmotte reste aujourd'hui protégée dans les zones du Parc National de la Vanoise et dans les espaces protégés. Mais en période de chasse, les chasseurs ne sont autorisés à la chasser que quelques jours par an. Cependant, son déterrage et son piégeage sont strictement interdits.
Autrefois chassée pour sa viande, dure mais appréciée en ragoût en période difficile, sa fourrure d'automne qui était vendue pour la réalisation de manteaux pour les dames de la ville (heureusement le manteau de fourrure de marmotte n'est plus la mode aujourd'hui !!).